Rêverie et Narrativité

Bion conçoit l’activité onirique (dreaming) comme un travail psychique inconscient de transformation de l’expérience sensorielle et émotionnelle. Ce processus est continuellement à l’œuvre, que nous soyons éveillées ou endormis, « un peu comme les étoiles qui ne cessent d’émettre leur lumière même si l’éblouissement du soleil les rend invisibles »1. De là, Bion fait du rêve le synonyme de pensée inconsciente, et développe l’idée que les rêves contiennent des fragments d’éléments impensés et impensables que la personne ne peut rêver.

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Inside, une histoire de zombie et d’homme-machine

Dans un univers dystopique, Inside met en scène une société défigurée par les dispositifs d’un capitalisme autoritaire qui assure sa subsistance en instrumentalisant et exploitant le vivant. Tel un vampire qui plante ses crocs dans la chair de sa victime, le capital suce la force vitale du travailleur jusqu’à la dernière goutte. Son avidité sans limite est animée par une seule pulsion : s’enrichir, créer de la plus-value en absorbant la plus grande quantité de surtravail possible1. À la limite de la jouissance, ce besoin de dévoration insatiable ne peut être assouvi, car il est articulé à l’angoisse – à la béance d’un manque foré par un désir mortifère qui enclenche un processus de « destruction créatrice », essentiel à la dynamique du capitalisme. Porté par la force motrice du progrès et de l’innovation, le capitalisme ne cesse d’introduire de nouvelles méthodes de production qui, en se substituant aux précédentes, détruisent la valeur de l’ancien capital. C’est pourquoi, il est inévitable qu’un jour le capitalisme cause sa propre perte… au risque de nous emporter avec lui dans sa propre tombe.

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La fiction d’horreur : entre fascination et répulsion

L’horreur donne de la matière et de la figurabilité à l’indicible et l’irreprésentable – que ce soit sous la forme de corps mutilés, de maisons hantées ou encore de créatures monstrueuses – elle vient nous chercher dans les profondeurs d’un inconscient habité par des angoisses archaïques, des sensations grouillantes, des fantômes psychiques et des peurs viscérales.

L’horreur met en scène l’étrange incertitude entre le même et le radicalement différent, ce que l’on fuit et nous inquiète, et qui pourtant, nous fascine et nous attire irrésistiblement ; comme une impression familière, mais abjecte, dérangeante et effrayante. Là où nous peinons à donner du sens à une réalité qui nous échappe, la fiction d’horreur esthétise les métamorphoses du corps ou le surgissement d’un événement au potentiel traumatique, et nous invite à se familiariser avec le désordre émotionnel qu’elle suscite en nous.

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Un rendez-vous manqué avec le féminisme

Il me tient à cœur de partager avec vous les prémisses d’une pensée en mouvement, qui évolue et s’enrichit par la lecture de nombreux livres féministes qui m’ont fait prendre conscience de l’aliénation au discours de l’Autre, à son désir qui nous dépossède et nous prive de notre propre corps. Dans ces textes, j’ai trouvé des ébauches de réponses et des pistes de réflexion pour déconstruire des allants de soi. Je me suis sentie touchée par ces mots, par cette parole-corps, intime et sensible, qui parfois met à nu des impensés et des plaies douloureuses. Je sentais que cela faisait écho à quelque chose en moi, comme si je touchais enfin du bout du doigt ce que mon corps a toujours su mais dont les mots lui ont manqué.

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